II.Philosophie de l'Ethique. L' «Oblivion » de l'Amour d'Amitié.
Dans son livre Après la vertu (1984) Alasdair MacIntyre commence par une allégorie : dans un monde postapocalyptique, toutes les sciences ont été entièrement détruites. Les survivants en ramassent les débris épars pour les réassembler, en forgeant ainsi des « nouvelles sciences » à leur image, évidemment totalement au service de la Technologie. Ces « nouvelles sciences », pense Mc Intyre, bien qu’apparemment similaires aux anciennes, seraient dépourvues de tout véritable contenu scientifique, car déracinées à la fois de leur source et de leur finalité. « L'hypothèse que je souhaite avancer - affirme-t-il - est que, dans le monde réel dans lequel nous vivons, le langage de la morale est dans ce même état ». – Nous partageons tout à fait cette position, qui nous permet de faire comprendre que se rapporter à l’Éthique de Marie Dominique Philippe – non seulement à ses « théories » mais à son bien tangible contenu de réalité (ce qui est déjà une façon de parler bien mystérieuse dans la réalité - la nôtre - ainsi décrite ) … demande un effort aussi immense que celui envisagé par l’allégorie de Mc Intyre...(...continue...)
PHILOSOPHIE SPÉCULATIVE (l'Homme face à la réalité de la nature, de la vie, de l'être et de l'Être Premier)
IV.Philosophie de la Matière, et son OUBLI. Ou : les montagnes sont-elles faites de marbre ?
"Mais NON elle n'est PAS PREMIERE!"
Pourquoi Marie-Do préfère-t-il parler de philosophie de la Matière plutôt que philosophie de la Nature (physis) ou tout simplement, de Physique
? Car la Matiere est la Grande Oubliée des sciences dites «materialistes». Expliquons-nous.
Dans l’audio de Marie-Do ci-dessus, le maître nous rappelle que la Scolastique – et sur son sillage, ajoutons-nous, cette Néo-Scolastique qu’est l’ainsi-dite «épistémologie», une science-des-sciences à la remorque d’une Physique à son tour ancilla des Mathématiques – ont commandé un Ordre aux sciences, selon lequel cette même Physique serait première : du point de vue pédagogique (du Devenir) pour la Scolastique, et absolument (quant à son Être) pour l’Epistémologie. Et lui de s’exclamer : «Mais non elle n’est pas première, je regrette!». En premier vient, selon Marie-Do, la philosophie de l’Art, c’est-à-dire, dirait Aristote (Phys. II, §1) la connaissance de tout ce qui parvient à exister grâce à la techné, et de cette techné elle-même.
Cette affirmation nous paraît bizarre; et ce, car de même la Philosophie de l’Ethique que j'ai introduite ci-dessus doit faire face à une situation d’OUBLI ABSOLU de ce qu’est son fondement (l’Amour d’Amitié), de même une Physique qui en soit une doit tout d’abord se confronter à ce même oubli concernant son propre fondement, qui n’est autre que la Matière… aussi paradoxal soit-il dans une civilisation qui se veut «matérialiste».
Si l’on veut comprendre cette bizarre affirmation de Marie-Do – la primauté (dans le temps) de la Philosophie de l’Art sur celle de la Nature – il faut donc jeter au moins un instant de lumière sur cet OUBLI DE LA MATIERE qui nous submerge.
Pour ce faire, que mon lecteur réponde tout d’abord à cette question : les montagnes sont-elles faites de marbre? Et les arbres… sont-ils faits de bois? Qu’en diriez-vous, en contemplant les images sous le titre? (...Continue...)
L'intelligenece humaine - répétait sans trève Marie Dominique Philippe - doit aller au bout de ses exigences, car c'est sa nature qui prétend cela, et donc c'est son devoir de le faire. Cette sienne nature, donc, la pousse tout d'abord à se saisir de l' "être en tant qu'être" - ce qui trace l'horizon de la Philosophie Première ou Métaphysique -... et au zenith de ce même horizon la conduit à se saisir de l "Être premier", que les traditions religieuses appellent "Dieu". Ce passage "de l'Être à Dieu" fait par notre intelligence naturelle, sans aucun support de la Foi révélée, est le thème fondamental de la "théologie naturelle".
DIMENSION REFLÉCHISSANTE
(sur les opérations de l'âme connaissante - la nôtre et celle d'Autrui - et sur les êtres de raison)
A.Critique
"Main NON elle n'est PAS SIMPLE!" (L'Intelligence, le tout-confus et les entrailles de l'animal)
« Critique » signifie, selon la conception qu’a MDP de l’Acte de Connaissance proprement scientifique, cette dimension réfléchissante de la recherche, qui est toujours disponible au Sujet étant donné la nature « auto-lucide » de notre conscience. La Critique a donc comme objet non pas la réalité à connaître mais les opérations que le sujet met en œuvre à cette fin. Des « opérations » qui, se déroulant à l’intérieur d’une connaissance déjà structurée, possèdent une identifiabilité claire et distincte comme autant d’éléments de ce même Acte. - Nous parlons ici 1) de l’Appréhension – le contact direct avec des « unités de signification » sensorielles/intellectuelles (Aristote: Catégories ; Kant Analytique des Concepts) – 2) du Jugement - la position explicite d’une vérité par ce complexe de significations simples qu’est la synthèse nom-verbe (Aristote: De l’Interprétation – Kant : Analytique des Principes) – et 3) de la Raison : l’agencement d’un complexe de Jugements pour l’établissement (par Induction, Déduction ou Réduction) d’une vérité apodictique ou seulement problématique (Aristote : Analytiques Postérieurs, Topiques ; Kant : Dialectique transcendantale). - Ce couplage Aristote-Kant nous sert ici à situer l’opération de MDP : ces trois opérations fondamentales internes à tout acte de connaissance formellement structuré parcourent les millénaires car, tout simplement, ce sont une réalité de départ, comme 1,2,3… pour les maths. - La questions est donc de comprendre quel est leur rapport à la réalité que nous connaissons grâce à elles. Pour Kant, ce rapport est de parfaite extériorité : la réalité reste « là dehors » tout à fait opaque à notre esprit : d’où la chassée de la Dialectique (en son ambition platonicienne de pouvoir se saisir de la vérité ultime des choses) dans la dimension du pur apparaître. Pour Hegel, à l’opposé, la réalité n’est ailleurs que dans l’esprit lui-même, s’auto-manifestant à travers les susdites opérations en leur rythme ternaire, d’où l’intronisation de la Dialectique comme Reine du Réel. MDP en revanche récupère Aristote es son humble réalisme « inductif » : la réalité (ousia) est bien là, devant nous ; nous pouvons donc la toucher par notre intelligence et en « appréhender » fiablement les formes grâce à notre Jugement et à l’aide du Raisonnement, sans pourtant pouvoir prétendre qu’un tel contact épuise en tant que tel tout ce qu’on peut connaître de cette même ousia. - Il s'en suit donc que tout Acte de Critique est pour MDP naturellement ouvert au contact avec l’Autre, en l’occurrence les autres chercheurs qui on fait l’histoire de la pensée. D’où notre décision de classer les œuvres « historiques » de MDP sous le titre de « Critique »
Les cours sur la «Logique et son enracinement dans la Critique» sont un moment crucial de l’enseignement de MDP. Quant à la « Critique » nous vous renvoyons ci-dessus, où nous clarifions que la « Critique » est pour MDP la connaissance que le sujet connaissant a de ses propres opérations, en leur présence réelle dans son esprit, pendant qu’il les met en œuvre, lors de son activité scientifique déjà structurée. Il s’agit donc d’une connaissance réfléchissante qui, en ce sens, se meut à un « méta-niveau » : son objet n’est pas l’objet directement connu, mais bien l’opération réalisée pour le connaître. Grâce à la Critique, donc, nous connaissons quelque chose de bien réel : nous-mêmes quant à notre activité de Connaissance. – Or ce même Acte de Connaissance en ses formes données (nos opérations) peut bien être l’objet d’un deuxième acte de réflexion (un méta-méta-niveau) où ce qui est « formalisé » - selon la manière de s’exprimer de MDP – ne sont pas nos opérations en leur réalité, mais seulement en leur capacité de forger des vérités de type apodictique ou problématique. Cette deuxième « formalisation » met donc entre parenthèse tant l’objet réel, que le sujet réel de l’Acte de Connaissance, et ne concerne que la structure formelle de ce même Acte. Ses Formes sont donc de entités purement relationnelles, et c’est ça l’objet de la Logique, dont les « Formes » sont naturellement susceptibles de s’abréger en « formules », comme « S est P » ou « aRb » etc. – Or cette « mise entre parenthèse » de toute réalité d’où toutefois la Logique continue de surgir comme une orange de son oranger s’est « radicalisée » à l’époque moderne, notamment avec l’avènement de l’Idéalisme et de la Logique mathématique e symbolique. Dans les deux cas, la Logique s’est émancipée de toute dette envers le réel qui continue de préoccuper des sciences comme la physique etc. décidant qu’elle n’est plus un simple « outil » (« Organon ») mais une science à part entière. Et on peut exprimer cette double auto-émancipation en disant que pour Hegel la « Science de la Logique » représente la finalité ultime de tout acte de connaissance, tandis que pour la Logique Computationnelle l’acte de connaissance qu’elle incarne n’a aucune finalité. – Nous pouvons ainsi comprendre la démarche de MDP confronté à la Logique : il s’agit de la resituer, tout d’abord face au réel, et par conséquent au sein de la communauté des sciences qui s’en occupent. Ce qui revient à lui rendre la finalité qui lui est propre. - C’est en cet esprit qu’on peut correctement lire et écouter les extraordinaires cours de Logique de MDP. Constamment, son discours voyage de la Logique proprement dite, aux autres dimensions du réel qu’elle « met entre parenthèse » : les opérations réelles de notre esprits engagées dans ses Formes classiques (genre, espèce etc.) sont toujours en vue, ainsi que l’est notre esprit en tant qu’être vivant et donc, justement, en tant qu’être, naturellement fait pour déployer et actuer au mieux sa propre realité.
La « Théologie fondamentale » ou « scientifique » au sens que Saint Thomas donne à cette notion dans sa
Somme Ia, Q 1 - est l’exploration que notre intelligence humaine fait de tout ce qui lui parle de Dieu grâce à la lumière de la « Vérité première se révélant » à notre Foi. Elle est aux contenus de la Foi ce que la Philosophie Première est aux principes de l'Être en tant qu'Être.